Et si les arbres nous ressemblaient un peu…
Les arbres sont capables de créer des liens et prendre soin les uns des autres.
D’après Peter Wohlleben, auteur du bestseller « La vie secrète des arbres », les arbres sont organisés en sociétés regroupant des amis, des familles, des couples et des enfants. Il a observé et prouvé que les arbres prennent soin les uns des autres.
En effet, lorsque deux arbres « amis » sont côte à côte, chacun d’eux fait pousser ses branches de façon à ne pas « gêner » son voisin. En revanche, leurs racines sont intimement mêlées ce qui fait que si l’un d’eux venait à tomber, l’autre ne tarderait pas à se retrouver au sol à son tour.
Des études scientifiques ont prouvé que des arbres «mères » sont capables de reconnaître leurs progénitures (grâce aux terminaisons nerveuses situées au bout de leurs racines) et qu’ils nourrissent leurs « enfants » par l’intermédiaire de leurs systèmes racinaires.
Les arbres communiquent ensemble, sont capables de se défendre face à un danger et protègent les arbres voisins en les prévenant de la menace.
Dans la forêt, les arbres sont capables de communiquer sur de très longues distances grâce à un véritable « réseau » formé par des filaments appelés « Mycorhizes » (association symbiotique entre des champignons et les racines des arbres). Les scientifiques parlent de « l’internet des forêts ». Ils ont effectué des marquages isotopiques sur des molécules de carbone, de phosphore et d’azote et ont observé que ces molécules circulaient bien d’un arbre à l’autre grâce au réseau mycorhizien.
Peter Wohlleben et son équipe ont mis en évidence que, lorsqu’un animal mange les feuilles d’un arbre, celui-ci prévient rapidement les autres du danger. Ceux-ci vont alors secréter une substance très amère rendant leurs feuilles totalement immangeables. Il en est de même lorsque l’un d’eux est attaqué par des insectes.
En Afrique, l’équipe du biologiste Wouter Van Hoven de l’université de Pretoria, a démontré que les Acacias en danger se protégeaient en sécrétant des tanins toxiques, véritables poisons capables de tuer leurs prédateurs, les antilopes (koudous). A nouveau, ils alertent les arbres voisins mais cette fois-ci, l’arbre « victime » prévient ses congénères en secrétant de l’éthylène. Ce gaz hautement volatil, va atteindre les arbres voisins et les mitochondries contenues dans leurs feuilles vont fabriquer des enzymes favorisant la production de tanins mortels.
Les arbres ont-ils des « sens » et sont-ils capables de s’adapter à leur environnement ?
Pour Bruno Moulia biophysicien des végétaux travaillant à l’INRA de Clermont-Ferrand, la réponse est OUI. Il l’a d’ailleurs démontré à travers plusieurs expériences :
La première consiste à prendre un jeune peuplier auquel on envoie régulièrement, grâce à une soufflerie, des petits coups de vent. Comparant, après plusieurs semaines, la croissance de ces peupliers avec leurs semblables qui ont été protégés, on obtient des résultats étonnants : les peupliers soumis au « vent » l’ont ressenti et se sont adaptés en limitant leur croissance verticale, en épaississant leur tronc et en développant un système racinaire plus profond.
La deuxième consiste à observer la modification de la croissance d’un jeune arbre en fonction de l’intensité et de la direction de la lumière qu’on lui envoie. A nouveau, les résultats sont surprenants. Non seulement l’arbre a perçu (vu ?) la lumière (grâce à la présence de petits bourgeons et par l’intermédiaire de pigments) mais il a adapté sa croissance en direction de cette source de lumière.
Une autre étude tout aussi surprenante a été faite sur la « douleur » ressentie par les arbres. Des chercheurs ont équipé des plantes avec 2 électrodes (une sur une branche et l’autre dans le sol). Lorsqu’ils «agressent» la plante en pliant une de ses feuilles par exemple, on observe une chute de la courbe enregistrant les influx électriques circulant à travers la plante. Bruno Moulia parle de « douleur » ressentie par la plante.
Les arbres sont-ils capables d’éprouver des « sentiments » ?
C’est ce qu’affirme Peter Wohlleben. Pour lui, les arbres sont capables de ressentir la douleur mais aussi de la peur.
Il a en effet observé que certains arbres se couvrent de petits rameaux autour de leur tronc signe d’un grand stress comparable à la peur.
Les arbres nous font du bien… Mais comment font-ils ?
Le Professeur Yoshifumi Miyazaki, chercheur à l’université de Chiba au Japon a prouvé scientifiquement le pouvoir apaisant de la forêt.
Ce pouvoir « anti-stress » des arbres, peut s’exercer rien que par la vision. L’expérience qu’il a reproduite sur plusieurs étudiants, consiste à leur poser des électrodes sur la région préfrontale et de les « immerger » dans une image de forêt pendant 1 minute 30. A chaque test, on observe une chute importante de l’activité cérébrale de l’étudiant, signe que celui-ci est détendu. D’ailleurs, la courbe remonte dès l’arrêt de l’image.
Une autre façon de nous apaiser passe par l’odeur dégagée par les arbres.
Pour Le Professeur Yoshifumi Miyazaki, les arbres, en diminuant notre stress, renforcent notre immunité. Avec son équipe, il démontre qu’une simple marche en forêt d’une quarantaine de minutes suffit à faire baisser le taux de cortisol (hormone du stress) présent dans la salive des marcheurs. Lorsque les randonneurs passent sous les arbres, ils reçoivent de fines particules émanant des feuilles et des épines des arbres appelées phytoncides. Ces molécules pénètrent dans notre organisme par notre système respiratoire et notre peau et agissent en faisant baisser notre taux de cortisol et en renforçant ainsi nos défenses immunitaires.
On entend parler de + en + souvent de sylvothérapie, mais qu’est-ce donc ?
Initiée au Japon où elle rencontre une forte croissance du nombre de ses adeptes, la sylvothérapie intéresse les citadins du monde entier et de plus en plus de « thérapeutes de la forêt » sont formés chaque année.
Cette technique n’a pas la prétention de guérir une maladie précise mais plutôt de faire baisser le stress et l’anxiété tenus responsables de nombreuses pathologies.
Les « bains de forêt » initialisés au Japon à la fin des années 80, consistent à s’immerger dans la forêt en écoutant les bruits de la végétation, le chant des oiseaux, en observant le mouvement des arbres et des jeux de lumière, en prenant dans sa main de la terre (certains citadins ne l’ont pas fait depuis des années…), en la respirant et en s’imprégnant des odeurs d’humus qui s’en dégagent.
On réapprend ainsi à respirer avec une respiration basse et profonde.
Les participants sont également amenés à enlacer les arbres pour ressentir et puiser leur énergie vitale. Ces séances de sylvothérapie sont fréquemment accompagnées de moment de méditation ainsi que de moments de partage ou chacun peut faire part aux autres des émotions qu’il ressent et qui l’apaisent.
Pour conclure, le Professeur Miyazaki nous rappelle que si la forêt peut l’apaiser et le ressourcer, c’est peut-être tout simplement que l’Homme, comme l’arbre fait partie de la nature même s’il lui arrive si souvent de l’oublier…
Françoise Gomart, SEKOIA CITY
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