CAPILLUM ambitionne de faire de nos cheveux, une fibre d’avenir !
4 000 tonnes de cheveux finissent à la poubelle chaque année …
Et dire qu’ils regorgent de pouvoirs insoupçonnables !
Matière première au combien vertueuse que nous produisons sans même nous en soucier ; )
Il faut bien reconnaître que nous étions à mille lieux d’imaginer que nos chevelures pouvaient apporter des solutions à ce point salvatrices, que ce soit pour dépolluer les eaux souillées d’hydrocarbures ou pour protéger nos cultures potagères !
Chaque jour, près d’un million de français vont chez le coiffeur !
Un chiffre impressionnant qui explique peut-être pourquoi, au cœur de nos villes et villages, nous pouvons croiser jusqu’à 2 fois plus de salons de coiffure que de boulangeries ; ))
Et oui, nos cheveux repoussent inlassablement, et plutôt assez rapidement puisqu’en bonne santé leur croissance peut atteindre environ 1,25 cm par mois. Assurément, nous ne pouvons qu’être fidèles à ceux qui manient mieux que personne, l’art de redessiner ou rafraichir nos coupes de cheveux, nous parlons bien sûr de nos coiffeurs !
Mais que deviennent nos cheveux une fois coupés ?
Si certaines mèches, parce qu’elles sont de bonne longueur (plus de 25 cm), sont réutilisées afin de confectionner des perruques (cela ne représente toutefois que 5% des cheveux coupés), les autres, soit plus de 4 000 tonnes de cheveux, finissent chaque année à la déchèterie et sont détruites au lieu d’être revalorisées en seconde vie !
Un constat qui a incité plusieurs acteurs (Association de coiffeurs, ONG…) à s’intéresser de près au recyclage de nos cheveux car ces derniers représentent 50% des déchets des salons de coiffure.
Et si nous donnions une seconde vie à nos cheveux, cette « bio ressource » au combien renouvelable ?
Une jeune entreprise clermontoise a fait du cheveu son cheval de bataille. Elle s’est attelée à explorer le champ des possibles en matière de réemploi et de valorisation des cheveux recyclés, à étudier les utilisations vertueuses et bénéfiques pour l’homme et la planète.
Il s’agit de CAPILLUM qui, comme son nom l’indique, a choisi de faire de notre capillarité et du recyclage du cheveu, la raison d’être de son entreprise.
En créant la première filière de collecte, de recyclage et de valorisation du cheveu, la start-up basée à Clermont-Ferrand ambitionne de faire du cheveu, la fibre de demain avec trois principaux axes de développement et d’innovation :
– la confection de boudins de dépollution,
– les solutions de paillage 100% naturel,
– l’extraction de kératine à des fins médicales.
Nous n’en avions pas vraiment conscience, mais nos cheveux sont pourvus de multiples vertus …
Nos cheveux peuvent dépolluer les océans :
Les désastres écologiques du golfe du Mexique, ou plus récemment la marée noire qui a touché l’île Maurice, ont mis un coup de projecteur sur l’incroyable capacité que nos cheveux ont d’absorber les huiles et hydrocarbures déversés dans la mer. Ils ont, lors de ces catastrophes, démontré leur pertinence pour contenir les polluants et limiter l’impact dévastateur du pétrole sur la biodiversité locale.
De nombreux boudins confectionnés à l’aide de collants en nylon ou de filets remplis de cheveux, ont été déployés en mer, à proximité des côtes, afin d’absorber, ou plus exactement adsorber, une grande partie des polluants évoluant à la surface de l’eau.
Si notre chevelure possède cette incroyable vertu, cette capacité à capter les pollutions, cela est dû au fait que le cheveu est lipophile, ce qui veut dire qu’il a une capacité naturelle à retenir les substances grasses. Plus précisément, la lipophilie caractérise l’affinité chimique d’une matière ou d’une molécule pour les graisses. On dit également du cheveu qu’il est naturellement un adsorbant oléophile (qui capte les huiles) et hydrophobe (qui n’aime pas l’eau). Les hydrocarbures retenus vont se glisser sous les écailles du cheveu pour y être stockés.
1 kg de cheveux peut absorber 8 litres d’hydrocarbure.
Chaque boudin rempli de cheveux peut être réutilisé plusieurs fois.
Ainsi l’entreprise CAPILLUM s’est intéressé très tôt à cette particularité du cheveu. Depuis 2019, elle confectionne des boudins et coussins dépolluants, à partir des cheveux que l’entreprise collecte directement, en circuit court, chez ses coiffeurs partenaires, pour aider à dépolluer les eaux, ainsi que les sites et sols pollués.
Nos cheveux sont aussi de précieux alliés pour nos jardins et potagers !
Éloigner les nuisibles,
Enrichir la terre et le compost en nutriments azotés,
Favoriser la croissance des plantes et légumes…
….Voici listés quelques-uns des pouvoirs naturels de nos cheveux qui ont séduit et inspiré les deux co-fondateurs de CAPILLUM, James Taylor et Clément Baldellou, et les ont amenés à concevoir des solutions nouvelles de paillage.
Ces solutions de paillage 100% naturelles sont fabriquées uniquement à partir de cheveux coupés, collectés au sein de leurs salons de coiffure partenaires, et de laine naturelle recyclée qui était destinée au rebut.
Proposé en rouleau ou sous forme de disques, ce paillage naturel « 100% made in cheveux et laine recyclés » facilite grandement la vie de tous les jardiniers ou cultivateurs (en herbe ou professionnels) que nous sommes !
Les précieux avantages de cette solution écologique et novatrice, sont les suivants :
Le paillage CAPILLUM constitue une barrière physique face aux limaces et escargots du fait de sa texture. Ce qui est très utile pour préserver les jeunes plants !
Isolant, le paillage CAPILLUM protège les plantes du gel durant l’hiver, en conservant une certaine température du sol
Ses qualités isolantes permettent aussi de limiter l’évaporation de l’eau, de conserver plus longtemps un sol humide, donc de limiter les arrosages, ce qui prend tout son sens, surtout en période de sécheresse et de manque d’eau.
Bloquant la lumière, ce paillage permet de limiter la pousse des adventices ou « mauvaises herbes », donc le besoin de désherber.
Vous l’aurez compris, grâce à CAPILLUM, plus besoin de recourir à des paillages en plastique pétrosourcé pour éviter de désherber (qui dit plastique, ne l’oublions pas, dit – pour la faire courte – extraction de pétrole, émission de CO2 liée à la combustion de cette énergie fossile, pollution… ), et bien sûr, finis les intrants chimiques auparavant utilisés pour repousser les nuisibles !
Ce qui nous plait dans la démarche de CAPILLUM ?
Une idée géniale, loin d’être capillotractée !
C’est dans le cadre d’un projet de fin d’études que l’idée d’utiliser les cheveux et d’en faire une fibre d’avenir a germé dans l’esprit de James Taylor et Clément Baldellou.
Pour la petite histoire, c’est en se rendant chez le coiffeur et en échangeant sur la fin de vie de leurs mèches de cheveux fraîchement coupées qu’ils ont appris que depuis la nuit des temps, jardiniers et agriculteurs avaient coutume de les récupérer et de les disposer aux pieds de leurs plants de légumes ou de leurs arbres fruitiers.
L’idée a ensuite fait son chemin et de là est née l’entreprise CAPILLUM.
Un projet ambitieux et résolument bénéfique pour la planète puisqu’il participe non seulement à accompagner l’ensemble des coiffeurs vers une démarche de réduction de leurs déchets mais il contribue aussi, de façon concrète, à dépolluer les eaux souillées par les hydrocarbures, et à déplastifier nos jardins et potagers en proposant un paillage 100% naturel et «biosourcé», efficace pour enrichir la terre, protéger les cultures sans avoir à recourir aux paillages en plastique (matériau pétrosourcé) ou à des intrants chimiques (pesticides).
Un produit 100% naturel, recyclé, biodégradable, qui plus est, fabriqué en France à partir d’une matière première biosourcée et infiniment renouvelable !
Qu’il s’agisse des coussins dépolluants ou des tapis de paillage, CAPILLUM fabrique l’ensemble de ses produits en France. Leur conditionnement a été confié à un ESAT (Établissements ou Services d’Aide par le Travail), établissement qui œuvre pour favoriser l’insertion professionnelle de personnes en situation de handicap.
La matière première utilisée pour confectionner les rouleaux et disques de paillage CAPILLUM est 100% naturelle et recyclée. Les deux uniques matériaux entrant dans leur composition et leur fabrication sont des cheveux collectés dans les salons de coiffure partenaires de la marque et de la laine non teinte destinée à être jetée (exemple : chutes de laine pour pulls ou pour matelas devant être mis au rebut).
Les paillages CAPILLUM peuvent également revendiquer d’être biodégradables puisque le cheveu se biodégrade au contact du sol, de la terre.
Enfin, cette alternative novatrice et écologique au paillage couramment utilisé, est faite à partir d’un matériau renouvelable à l’infini (puisqu’il repousse inlassablement sur nos têtes) et « biosourcé » car provenant directement de l’homme, de la chevelure de chacun et chacune d’entre nous !
Une approche ancrée dans l’économie circulaire …
Rien ne se perd, tout se recycle. Les déchets d’aujourd’hui sont les ressources de demain !
En créant une filière complète de valorisation du cheveu, de la collecte sur le lieu où ils sont coupés, à savoir les salons de coiffure, jusqu’à la conception et la confection de boudins dépolluants et de tapis de paillage pour protéger les cultures, CAPILLUM s’assure de gérer l’approvisionnement de façon locale, de travailler en circuit court, d’avoir une bonne traçabilité, transparence et qualité de ses matières premières.
CAPILLUM travaille déjà avec 3500 salons de coiffure (vs 80 000 salons de coiffures existants en France), un chiffre en constante augmentation tant le projet séduit la profession, et la collecte des cheveux coupés est facile et accessible à tous.
Un engagement qui a du sens …
Depuis sa création, l’équipe de CAPILLUM collabore avec différentes ONG internationales telles que Project Rescue Ocean, ou encore Octop’us, pour être utile lors de catastrophes comme celle connue il y a quelques années par l’île Maurice.
James et Clément, les deux co-fondateurs de la start-up clermontoise, ont ainsi décidé de constituer des stocks d’urgence de boudins dépolluants afin d’être en mesure de faire face, de manière bénévole, à d’éventuels futurs désastres écologiques majeurs comme celui que nous venons de citer (pour rappel, 200 tonnes de diesel et 3 800 tonnes de fuel avaient été déversés suite au naufrage d’un navire vraquier) et ainsi pouvoir gagner en réactivité (le temps est précieux pour limiter les impacts dévastateurs lors de marées noires) afin de préserver certains écosystèmes ayant une biodiversité endémique.
Rétro-innovation ou simple retour au « bons sens » de nos anciens ?
La jeune entreprise CAPILLUM est certes, depuis sa naissance, ancrée dans l’économie circulaire, mais ses racines se nourrissent du bon sens de nos anciens.
Puiser dans des pratiques vertueuses ancestrales pour limiter notre empreinte environnementale, mettre la recherche et l’innovation au service de solutions naturelles et novatrices, n’est-ce pas là une voie intéressante pour faire émerger les solutions de demain ?
D’autres ont emprunté avec succès ce chemin, ne serait-ce qu’en remettant au goût du jour le transport maritime à la voile ou en redonnant ses lettres de noblesse à des matériaux bioclimatiques comme la terre crue pour construire écoles et habitations.
Sacré clin d’œil, en tout cas, en guise de prise de conscience, pour nous rappeler que l’on va souvent chercher très loin, trop loin, des solutions qui peuvent tout simplement être sous nos yeux…en l’occurrence sur notre tête ; ))
Pourquoi extraire du pétrole, produire du plastique, émettre du CO2, quand une solution naturelle et « biosourcée » nous tend les bras ?
Et dire que cette matière première, qui pousse sans eau et sans pesticides, et sans même que nous ayons à nous en soucier, pousse sur notre propre tête … ; )
Un véritable potentiel, celui d’en faire une fibre d’avenir, une solution éco-responsable et sourcée en circuit très court sur nos propres têtes !
James Taylor et Clément Baldellou ont pour objectif de créer la première usine de recyclage de cheveux au monde et de l’installer à Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme.
L’avenir sourit donc à cette jeune start-up qui investit dans la recherche R&D et explore d’autres axes de développement et de création de valeur, tels que la récupération de la kératine du cheveu à des fins médicales, notamment pour développer des soins pour la peau…
D’autres pistes sont en cours de recherche et d’exploration et verront peut-être le jour l’année prochaine.
Nous suivrons, assurément avec beaucoup d’intérêt, les nouveaux développements de CAPILLUM !
Que dire de plus …
Si ce n’est …
Donner ses cheveux peut désormais être un acte militant pour protéger la planète ; )
Alors, vous allez quand chez le coiffeur ?
Parce que votre mission est dorénavant, ne l’oubliez pas, de lui demander s’il recycle vos cheveux !
Laurence GUIGOU, SEKOIA CITY
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